
- caelys.jpg (72.41 Kio) Consulté 10255 fois
C'est en l'an 1011, par une belle journée de Printemps, que Amarille accoucha de son sixième enfant. Mère de cinq filles au caractère bien trempé, elle constata avec surprise que le petit être auquel elle venait de donner naissance était un magnifique petit garçon. Une fine chevelure couvrait le crâne de l'enfant qui ouvrit de magnifiques yeux bleus, semblables à un ciel limpide. Elle n'eut pas à chercher longtemps pour trouver le prénom de son bébé, véritable bénédiction du ciel. En remerciant Sayha en son fort intérieur, elle caressa la tête de l'enfant. Il s'appellera Caëlys, signifiant 'Vent Céleste' en hommage à la divinité.
C'est au cœur du petit campement reculé, situé tout au sud de l'île de Faeron, que grandit l'enfant paisiblement et loin des dangers. Avec son adorable bouille ronde et sa constante recherche d'affection, le petit Caëlys s'attira rapidement et sans aucun effort tout l'amour et l'attention de sa famille mais également du village entier. De nature particulièrement curieuse, l'enfant ne cessait, dès qu'il put marcher sans aide, de vagabonder en s'extasiant sur chaque merveille de la nature.
Cependant, malgré toute la prévenance dont il était entouré, un malheur survint en cette année 1041. Le petit Caëlys avait disparu et resta introuvable pendant 3 jours entiers.Au soulagement général, ce fut un marchand du village de Vernon, situé à plusieurs journées de marche, qui ramena Caëlys sain et sauf. Il raconta aux habitants que,par un hasard miraculeux, il avait croisé le chemin de l'enfant perdu dans les bois alors qu'il faisait route vers eux. Malgré son jeune âge et cette expérience, le petit bout de chou ne parut absolument pas traumatisé, ni refroidi dans sa curiosité à l'inverse de son entourage qui le couva de façon excessive. Il raconta à sa famille "avoir suivi un papillon".
Les cinq sœurs étaient toujours prêtes à tout pour leur petit frère et il le leur rendit en les laissant jouer à la poupée sur lui. Très vite, Caëlys prit goût à mettre des robes et porter certaines parures fabriquées par ses sœurs. Ce spectacle devint si habituel qu'au fil des années, les habitants commençaient à ne plus être sûrs du genre de Caëlys. Trouvant tout cela très amusant, il prit l'habitude de laisser planer la confusion sur sa nature, perfectionnant l'exercice en apprenant à parler avec une voie un peu plus aiguë.
Resté entouré et chouchouté avait beau être plaisant, cela ne suffisait malheureusement pas au bonheur de l'Ertheia. Sa liberté n'était pas totale et il rêvait plus que tout de découvrir le monde. Sa famille craignant le pire organisa pour lui un séjour à Vernon avec les deux plus âgées de ses sœurs. Loin de calmer le jeune Ertheia, ses envies d'aventures se firent encore plus pressantes. Impossible pour lui de penser à autre chose et son regard se portait toujours vers cet horizon inaccessible.
Mais un jour, il exécuta l'un de ses plans et, lors d'une balade avec sa plus jeune sœur, il simula un malaise. Paniquée, cette dernière partit chercher des renforts. A son retour, Caëlys s'était évaporé. Malgré leurs recherches intensives, plus personne n'eut de nouvelles de l'égérie du campement.
Contrairement aux apparences et à ce qu'il voulait bien laisser transparaître, le jeune Caëlys était loin d'être un imbécile. Il pouvait, quand il s'en donnait la peine, devenir une véritable éponge à connaissances. Il avait parfaitement étudié son itinéraire et la façon de quitter l'île inaperçu. Et pour la première fois, pour pouvoir se faufiler parmi l'équipage d'un navire marchand, il s'habilla comme un garçon. Son plan fonctionna et il servit de mousse pendant le trajet. Arrivé au port, il choisit de garder cette apparence le temps de jauger la ville. Une fois rassuré, il reprit son apparence habituelle et partit finalement à l'aventure.
Trop curieux et pas assez prévoyant, il avançait au gré de ses envies, allant d'un endroit à l'autre, ne restant jamais plus de trois jours à la même place. Il utilisa son charme et sa bouille pour attendrir des mères de famille et ainsi se faire loger et nourrir. Parfois, il travaillait très ponctuellement dans une taverne ou un champ mais ne dépensa jamais une seule pièce. Ce petit trésor, il le gardait précieusement tout au fond de son vieux sac à dos qui le suivait depuis le début de son périple. Il eut parfois à sauter des repas ou dormir dehors, cependant cela ne l'inquiétait nullement. Sûr de lui, il continuait d'explorer où bon lui semblait.
C'est peut-être cette insouciance qui l'amena dans la ville de Gludio au pire moment. Une fièvre commença à le ronger et son corps entier lui faisait mal avec des nausées et une toux violente. Ne comprenant pas ce qui lui arriva, il crut qu'un simple repos suffirait. Mais au bout de quelques jours, il constata des changements physiques. Sa peau laiteuse se couvrait d'un duvet blanc, des bosses sur sa tête lui faisaient souffrir le martyr et une excroissance qu'il ne pouvait voir se formait au creux de ses reins. Prenant peur, il finit par s'enfuir de la ville mais son état ne s'améliora pas. Il ne put s'éloigner beaucoup, son corps devenant de plus en plus meurtri.